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ouvrage : foi-qq-mots
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Source : www.bahai-biblio.org
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LA FOI BAHA'IE EN QUELQUES MOTS
Pierre Spierkel
Table des matières :
1) ALLIANCE
2) AME
3) AMOUR
4) ATHEISME / AGNOSTICISME
5) ATTENTE (au XIXe siècle)
6) LE Báb
7) Bahá'u'lláh
8) BRISEURS DE L'ALLIANCE
9) CARMEL
10) CLERGÉ
11) COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE BAHA'IE
12) CONSULTATION
13) CONVERSION
14) CRAINTE
15) CREATION
16) DEVELOPPEMENT
17) DIALOGUE INTERRELIGIEUX
18) DIEU
19) DOGMES
20) ECONOMIE
21) ECRITURES SAINTES
22) EDUCATION
23) EGALITE
24) ESPERANCE
25) ESPERANTO
26) EVOLUTION
27) EXPANSION
28) FAMILLE
29) FEMMES
30) FETES
31) FONDS Bahá'ís ET "PART DE DIEU"
32) FUTUR
33) HOMME
34) JESUS
35) JEUNE
36) JUSTICE
37) LAICITE
38) LANGUE AUXILIAIRE
39) LOIS
40) MAL
41) MEDITATION
42) MESSIE
43) MIRACLES
44) MONDE
45) MORT
46) OPPOSITION
47) ORGANISATION
48) PAIX / GUERRE
49) PLURALISME
50) PREJUGES
51) PRIERE
52) PROPHETES
53) QUESTIONS
54) REGLE D'OR
55) REINCARNATION
56) RELATIVISME
57) RICHESSE, ET PAUVRETE
58) SALUT
59) SUCCESSION
60) SYNCRETISME
61) TEMPLES
62) UNITE
63) VERITE
64) VIE
65) VIOLENCE
1) ALLIANCE

Concept fondamental de la révélation baha'ie, l'Alliance divine comporte deux parties : la grande et la petite Alliances.

A/ La grande Alliance

Clairement établie pour la première fois sous ce nom dans l'Ancien Testament, le concept d'une alliance existant depuis toujours entre Dieu et l'humanité se retrouve, d'une manière ou d'une autre, dans toutes les religions révélées de l'histoire : hindouisme, bouddhisme, christianisme, islam, etc.

L'Alliance se définit comme une Révélation progressive de la Divinité, fil d'or qui traverse toute l'histoire humaine. Chaque Manifestation (ou Prophète, ou Messie, ou Avatar, ou Eveillé...) révèle en un lieu et un temps précis, un message d'origine divine qui, s'il est adopté, suivi et appliqué, fera éclore au cours du temps une civilisation. Chaque message, adapté à ses destinataires et à leurs besoins présents et futurs, contient aussi la promesse d'un retour. Jamais littéral, ce retour n'est pas celui du Fondateur lui-même, mais plutôt le retour en une autre personne des qualités qui firent de lui une Manifestation de Dieu.

Ce Promis, reprend la Révélation, l'Alliance précédente, pour la compléter, l'élargir, la transposer. Quel que soit leur futur, toutes ces Révélations sont potentiellement universelles, réaffirment les mêmes vérités spirituelles fondamentales (la règle d'or notamment) et ne diffèrent que par l'aspect social adapté aux besoins, à l'époque et au lieu. Ainsi, du Christ annulant la loi judaïque du divorce...

B/ La petite Alliance

C'est celle qui lie la Manifestation de Dieu à ses disciples et qui assure l'unité de la communauté. Elle se concrétise par le choix du successeur et par un commandement fondamental. Dans le christianisme, Pierre est le premier parmi les apôtres et le commandement fondamental est celui de l'amour. Dans l'islam, 'Ali est nommé successeur du Prophète et le commandement fondamental est la soumission à la volonté divine. Dans la Foi baha'ie, le successeur désigné par Bahá'u'lláh dans son Testament est `Abdu'l-Bahá et l'on peut résumer son commandement fondamental ainsi : Ne faites pas de la religion de Dieu une cause de discorde. Pourtant, détail original dans l'histoire religieuse du monde, dans la Foi baha'ie la fidélité au " Centre de l'Alliance " est vue comme la condition sine qua non de la fidélité à Dieu et à Sa manifestation.

`Abdu'l-Bahá désigna ensuite son petit-fils, Shoghi Effendi, Gardien de la Cause. A eux, et à eux seuls, le don d'interprétation du Texte sacré fut conféré. Aujourd'hui, le " centre de l'Alliance " est un conseil élu : la Maison Universelle de Justice.

être fidèle à l'Alliance de Dieu, c'est reconnaître Bahá'u'lláh comme la manifestation promise pour les temps de la fin ; c'est accepter ses Textes comme révélés et les placer au centre de la vie spirituelle de chacun puisque c'est par eux que le croyant peut s'épanouir ; c'est accepter l'autorité de ses successeurs désignés et souscrire aux dispositions prises pour le progrès de sa foi. C'est enfin collaborer à l'élaboration d'une civilisation toujours en progrès. Rompre l'Alliance, pécher contre l'Esprit, c'est rejeter cette autorité, tenter délibérément de l'usurper ou de la saper, tout en se prétendant encore baha'i. Quiconque s'engage durablement dans un tel comportement brise l'Alliance et de ce fait se voit refuser la participation à la communauté baha'ie. Il peut y être réadmis après un repentir sincère.

2) AME

Bahá'u'lláh confirme l'existence d'une réalité spirituelle de l'homme, distincte et raisonnable. Dans cette vie, le corps est relié à l'âme comme la terre au soleil. Entité spirituelle, l'âme se décèle à travers les traits de caractère qui différencient chaque être humain. C'est d'elle que rayonnent l'amour et la compassion, le courage et la foi, et toutes ces qualités qui ne sauraient s'expliquer si l'homme n'était qu'un animal ou une machine organique sophistiquée.

C'est l'âme qui donne la vie au corps, c'est l'âme qui découvre les secrets de la nature, c'est l'âme qui produit les oeuvres artistiques. Lorsque cesse le lien qui les unit, le corps meurt et l'âme poursuit alors son voyage à travers les mondes spirituels qui sont innombrables. La réalité humaine est avant tout spirituelle.

3) AMOUR

Mot galvaudé s'il en est, l'amour est, comme dans les révélations précédentes, au centre du message baha'i. C'est par amour que Dieu crée l'homme : "Voilé en mon être immémorial et dans l'antique éternité de mon essence, je connus mon amour pour toi ; en conséquence, je te créai, je gravai sur toi mon image et te révélai ma beauté."

L'amour c'est l'attraction, l'attirance, la vie. C'est " la loi fondamentale qui organise l'ordre parmi les atomes." L'amour, c'est aussi " le lien vital inhérent à la réalité des choses, en harmonie avec la création divine." (`Abdu'l-Bahá)

Toute la création est basée sur l'amour, depuis la loi de la gravitation universelle jusqu'aux forces qui forment la structure ultime de la matière. Le but premier de l'homme étant d'aimer Dieu, et Dieu étant essentiellement inconnaissable, cela revient à aimer ses Manifestations et sa création. Ailleurs, Bahá'u'lláh nous demande d'obéir à ses lois par amour pour lui.

L'union est la vie, la désunion la mort. `Abdu'l-Bahá affirme : "l'amour est lumière quelle que soit sa demeure et la haine est ténèbres où qu'elle fasse son nid.".

4) ATHEISME / AGNOSTICISME

En 1921, écrivant au professeur Auguste Forel, alors Président de la Libre Pensée de Suisse et agnostique, `Abdu'l-Bahá lui expose les trois possibilités de l'existence pour lui démontrer la nécessité d'un principe supérieur :

L'existence des êtres est due à la combinaison d'éléments divers et leur non-existence à la décomposition de leurs éléments constituants. Or il ne peut y avoir que trois sortes de composition et trois seulement : fortuite, nécessaire ou volontaire.

- La composition ne peut-être fortuite car si le hasard présidait à cette composition, on ne verrait jamais deux fois le même résultat et tout effet comporte une cause.

- Elle ne peut être obligatoire, c'est-à-dire intrinsèque, car alors la décomposition serait impossible

- Elle ne peut être que volontaire, c'est-à-dire décidée par une force extérieure.

Ayant ensuite démontré que l'homme ne peut jamais connaître la réalité divine, `Abdu'l-Bahá expose que ce Principe nécessaire se fait connaître par l'Esprit qui brille dans ces miroirs divins que sont les Prophètes ou Manifestations de Dieu : toujours le même soleil dans différents miroirs.

Dans son testament, Auguste Forel confirma qu'il était devenu baha'i.

5) ATTENTE (au XIXe siècle)

Le dix-neuvième siècle fut d'attente et d'espérance. Les individus et les peuples du monde entier ressentaient en profondeur les bouillonnements de l'histoire. Si la chute de Napoléon 1er marque symboliquement la fin de l'ancien monde, le nouveau ne se met pas en place facilement et les chaos, les soubresauts, les drames inhérents à toute naissance, jalonnent l'époque. Au-delà des messianismes antireligieux : nationalismes, racismes et socialismes qui s'épanouiront au XXe siècle, on peut relever la quantité surprenante de mouvements millénaristes et messianiques proprement religieux. Si les noms des mouvements américains (Mormons, Millerites, puis Adventistes, Etudiants de la Bible, etc.) sont dans toutes les mémoires, la liste complète de tous les visionnaires qui sentirent que les temps étaient proches nécessiterait plus que ce livre. En Orient, les Taïping de Chine font le pendant des nombreux mouvements du monde musulman : Shaykhisme de Perse, puis plus tard, Mahdisme du Soudan, Ahmadyya des Indes, etc. sentiront qu'ils vivent au temps de la fin.

Le 23 mai 1844, à Chiraz, patrie des roses et des poètes, le Báb proclama réaliser la Promesse de l'islam et lança son message : la Promesse de toutes les religions va se réaliser, enfin !...

6) LE Báb
(Chiraz 1819 - Tabriz 1850)

Dès le début de sa mission, le 23 mai 1844, Siyyid 'Ali Muhammad souleva l'enthousiasme de nombreux Persans. Après une courte vie publique il fut fusillé publiquement à Tabriz, le 20 juillet 1850. Il avait 31 ans.

Le Báb est à la fois le fondateur d'une religion indépendante : le Bábisme et le précurseur de la Foi baha'ie. Les textes révélés par le Báb, notamment le Bayan, son oeuvre principale, sont imprégnés de la notion de Retour imminent qui structure tout son Message. La durée très brève du Bábisme, les informations fragmentaires et les polémiques qui suivirent la mort du Báb font qu'on le classe souvent comme un simple réformateur de l'islam. Or il suffit de comparer les croyances des deux religions pour comprendre les différences fondamentales qui expliquent, sans pour autant les excuser, les dures persécutions subies par les Bábis.

C'est d'ailleurs l'aspect novateur du message Bábi, ainsi que l'affirmation du Báb de continuer la lignée prophétique après Muhammad qui provoquèrent sa condamnation par le clergé chiite et encouragèrent les autorités civiles à persécuter les Bábis.

En France, des romans : Un amour au pays des Mages, d'A. de Saint-Quentin (1896) ; des textes dramatiques : Tahirih, la Jeanne d'Arc persane, demandé à Catulle-Mendès par Sarah Bernhard ; des essais : Philosophies et religions en Asie centrale, d'Arthur de Gobineau (1865), témoignent de l'intérêt que les persécutions subies par le Báb et ses disciples éveillèrent pour sa religion.

7) Bahá'u'lláh
(Téhéran, Perse 1817 - Acre, Palestine 1892)

Fils aîné d'une famille aisée, Husayn 'Ali connut l'enfance des jeunes persans nobles du début du 19è siècle : études succinctes et activités de plein air.

Il devient dès 1844 l'un des dirigeants de la communauté Bábie naissante. Deux ans après le martyre du Báb et à la suite d'un attentat perpétré par des Bábis égarés contre le chah Nassered-din, il sera jeté au fond d'un cul-de-basse-fosse. C'est là qu'il recevra la révélation de sa mission : il est la grande Manifestation de Dieu annoncée par le Báb. Reconnu innocent, il est exilé dans le pays voisin d'Irak ; il s'installe à Bagdad puis est appelé à Constantinople par le Sultan de Turquie.

C'est à l'occasion de son départ de Bagdad que Bahá'u'lláh (ce titre signifie la " Gloire de Dieu ; se prononce : baha-olla) va dévoiler sa mission à quelques-uns de ses proches disciples : Il est " Celui-que-Dieu-doit-manifester " annoncé par le Báb, celui qui remplit les promesses de toutes les révélations précédentes. Cet événement fondateur eut lieu dans un jardin nommé Ridvan (rezvane = paradis).

Refusant le rôle de courtisan qu'on attendait de lui, Bahá'u'lláh ne resta que trois mois dans la capitale de l'Empire ottoman. Son exil suivant fut Edirne (Andrinople) d'où il annonça officiellement sa mission aux communautés Bábies de Perse. Seule une très petite minorité des Bábis refusa de le reconnaître : les azalis. Les autres portent depuis le nom de Bahá'ís. En 1868, exilé vers la grande prison d'Acre (Akko), en Palestine ottomane, Bahá'u'lláh envoie des épîtres à de nombreux souverains de son époque : la reine Victoria, Napoléon III, le Sultan de Turquie, le Chah, le Pape Pie IX... A chacun il lance un appel à reconnaître son message, à s'unir, à diminuer ses dépenses militaires, à ne travailler que pour le bien de ses sujets, à fonder un gouvernement mondial, etc.

En Acre, Bahá'u'lláh connaît une période difficile d'emprisonnement, strict d'abord, puis de plus en plus souple. Il décède le 12 novembre 1892, à Bahji, près d'Acre, où il est enterré. Sa tombe attire aujourd'hui des milliers de pèlerins venus du monde entier. C'est aussi vers Bahji que les Bahá'ís se tournent pour prier.

8) BRISEURS DE L'ALLIANCE

Les Bahá'ís affirment avec assurance que leur religion est la première dans l'histoire de l'humanité à n'avoir pas connu de schismes et de divisions comme en connurent, par exemple, le christianisme avec l'arianisme et l'orthodoxie, l'islam avec le shiisme et le sunnisme.

Pourtant, l'histoire baha'ie a connu plusieurs personnes ayant brisé l'Alliance et qui se prétendent Bahá'ís malgré tout. Comment résoudre cet apparent paradoxe ?

L'action de briser l'Alliance est considérée comme le " crime contre l'Esprit " dont parle le Christ et la faute la plus grave qu'un Bahá'í puisse commettre. Briser l'Alliance, c'est s'opposer à l'autorité légitime de la communauté et tenter de créer un schisme. Après de nombreuses tentatives d'explication, une personne qui persiste dans cette attitude est exclue. C'est le seul critère d'expulsion existant.

Exclus de la communauté baha'ie, ces briseurs de l'Alliance tentent de former de petits groupes qui se prétendent les " vrais " Bahá'ís. C'est une attitude compréhensible. Pourtant, s'opposer au " Centre de l'Alliance " et être exclu officiellement par ce même centre, c'est se trouver, ipso facto, hors de l'Alliance !

La communauté baha'ie ne se constitue pas autour d'une croyance juste, mais autour d'une attitude juste. La croyance en Bahá'u'lláh se manifeste tout à fait différemment si l'on est d'origine musulmane, chrétienne ou hindoue. Néanmoins la cohésion du mouvement se fait autour de la fidélité à l'Alliance, c'est-à-dire, en dernière analyse, par l'acceptation de l'autorité clairement désignée.

Pourquoi cette insistance sur la légitimité de la succession ? les Bahá'ís pensent que la source des nombreux problèmes et, éventuellement des altérations du message, que connurent à leurs débuts de nombreuses religions : christianisme et islam par exemple, est à rechercher dans la lutte que se livrèrent des individus plus motivés par la soif de pouvoir que par la recherche de la vérité... Théologiens et clergés sont vus comme la source potentielle des effets négatifs des religions sur la société.

9) CARMEL

La " vigne du Seigneur ", la montagne sainte du prophète Elie, la montagne sacrée qui doit, au temps de la fin, devenir le trône du Seigneur, le Carmel est chanté par Isaïe.

Bahá'u'lláh y arrive comme prisonnier de l'Empire ottoman. Il révèle à plusieurs reprises des textes sur l'importance du lieu, notamment la " Tablette à Carmel ", véritable charte dans laquelle l'instauration d'une paix politique mondiale est mise en parallèle avec l'établissement du centre nécessaire au bon fonctionnement du monde nouveau. Interprété par le Gardien, Shoghi Effendi, comme le centre administratif mondial de la communauté baha'ie, cette prophétie explique la ténacité des Bahá'ís à terminer avant la fin du siècle, au prix de grands sacrifices, les bâtiments qui formeront leur centre mondial. Bahá'u'lláh demanda que le centre spirituel ne soit pas séparé du centre dirigeant de la communauté. C'est sur le mont Carmel qu'est fixé le centre mondial spirituel et administratif du monde baha'i. Le tombeau du Báb, au dôme doré, est le pivot de nombreux bâtiments : le Siège de la Maison Universelle de Justice, les Archives internationales, le Centre d'étude des Textes, le Centre international d'enseignement. Avec les tombeaux de quelques membres de la famille de Bahá'u'lláh, l'ensemble forme un arc de cercle qui regarde vers Acre, le Tombeau de Bahá'u'lláh.

10) CLERGÉ

Bahá'u'lláh a strictement interdit toute forme de clergé, de prêtrise, tout " professionnalisme " religieux, tout corps ecclésiastique constitué. L'homme est libre et seul avec sa conscience. Mais Bahá'u'lláh recommande de respecter les clercs, les savants, de reconnaître leur valeur et de profiter de leurs connaissances.

S'il fait, d'une part, la remarque désabusée que " mes pires ennemis furent toujours les religieux ", il reconnaît d'autre part la valeur des religieux sincères qui sont, dit-il, les " lumières du monde".

Pour éviter les désordres provoqués par des religieux et le clergé dans les religions organisées historiques, l'organisation baha'ie sépare soigneusement les " savants ", choisis, qui sont des conseillers sans pouvoir de décision, des " élus " qui gouvernent.

Qu'un clergé professionnel n'existe pas n'implique nullement une absence d'éthique et de règles de morale. Cela suppose, en revanche, une absence de notion d'orthodoxie dans la croyance, une souplesse dans les interprétations et un dynamisme dans l'application des idéaux Bahá'ís.

11) COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE BAHA'IE

Organe de représentation de l'ensemble des Bahá'ís du monde, quatre bureaux distincts la composent, " fenêtres de la communauté baha'ies ouvertes sur le monde " :

Le Bureau des Nations unies, organisation non gouvernementale à statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF). Il est aussi associé au Département d'information publique des Nations unies et a établi des relations avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il possède des bureaux à New York et à Genève et a des représentants auprès des Bureaux des Nations unies à Vienne, Addis Abeba, Bangkok, Santiago du Chili, Nairobi et Rome. Une agence est ouverte à Suva aux îles Fidji, qui sert d'intermédiaire entre les communautés baha'ies du Pacifique sud et d'autres institutions oeuvrant pour le développement dans cette région. Le Bureau travaille dans les domaines suivants : Paix et désarmement, affaires sociales et humanitaires, développement des femmes, droits de l'homme.

Le Bureau d'information publique a son siège au Centre mondial Bahá'í à Haïffa avec des branches à New York, Paris et Hong-Kong. Il travaille étroitement avec les réseaux pour la Conservation et la religion du Fonds mondial pour la nature (WWF), la Conférence mondiale des religions pour la paix, la Fondation pour la publication des Textes sacrés. Il publie " One Country " en anglais, français et chinois. Les éditions en russe et espagnol sont en préparation.

Le Bureau de l'Environnement a son siège à New York. Il cherche à créer des liens entre l'expertise écologique internationale et les projets de préservation gérés par les communautés locales à travers le monde, il recense les micro-projets locaux susceptibles d'intéresser d'autres régions, il cherche enfin à favoriser les activités écologiques dans 20 000 communautés baha'ies du monde et développe ses liens avec d'autres groupes.

le Bureau de l'Administration générale coordonne de New York les activités de ses différents bureaux et sert de lien avec le Centre mondial.

12) CONSULTATION

C'est une révolution dans la manière habituelle de voir le monde que d'affirmer que l'unité est le point de départ, la fondation indispensable à la construction durable de la société de demain qui sera construite sur l'unité dans la diversité.

Pour gérer la complexité de la vie humaine dans un cadre personnel, familial, local, national et international, les Bahá'ís proposent la consultation (ou concertation), qui a pour but fondamental de rechercher la solution d'un problème et de promouvoir l'unité, l'amour et l'harmonie.

La consultation est une méthode originale de prise de décision face à un problème. Ses principes de base se trouvent dans les Ecrits de Bahá'u'lláh. Sa procédure a pour but de bâtir un consensus tout en recherchant la solution d'un problème. Le but de la consultation est essentiellement d'arriver à un consensus de manière à unir les différentes parties au lieu de les diviser. Elle encourage la diversité d'opinions et permet de contrer la lutte pour le pouvoir si courante dans les systèmes de prise de décision traditionnels.

Méthode d'analyse en commun d'une question, moyen permettant aux idées de croître, la consultation baha'ie est basée sur des principes qui forment aussi une méthode :

1. Elle libère les énergies créatrices de l'esprit et du coeur des participants.

2. Elle crée une nouvelle compréhension, une nouvelle vision sur des sujets précis :

a/ résoudre un problème,
b/ planifier une action,
c/ clarifier nos buts et nos priorités,
d/ renforcer nos convictions,
e/ approfondir le sens de quelque chose...

3. C'est un lieu de partage et d'interaction des informations, des idées, des opinions, des sentiments et des impressions appropriées offerts par les différents points de vue, connaissances, expériences, espoirs et craintes des participants, en laissant à ce partage et cette interaction le temps nécessaire de se faire.

4. Lorsque tout ceci est fait dans une ambiance franche mais amicale, harmonieuse et unie, on peut dire que c'est une consultation baha'ie.

En bref, la consultation est un moyen pour résoudre les conflits autrement que par la lutte.

13) CONVERSION

Mot étranger à la conception religieuse baha'ie mais employé parfois par facilité. En effet, le mot conversion implique une transformation radicale, un rejet, une rupture : Avant j'étais dans l'erreur, aujourd'hui j'ai trouvé la vraie foi. Cela est vrai aussi dans les domaines politiques et autres.

Dans la vision baha'ie, au contraire, devenir Bahá'í c'est progresser de la où je me situe vers l'avant, en m'appuyant sur ce que je sais et crois. C'est parce que je crois au Christ que je suis baha'i. Et c'est vrai pour Muhammad, Moïse ou Bouddha. Lorsque `Abdu'l-Bahá dit que Moïse est la branche, Jésus la fleur et Bahá'u'lláh le fruit, il ne veut montrer que la continuité et non une quelconque supériorité de l'un par rapport à l'autre.

14) CRAINTE

A ne pas confondre avec la peur, la crainte de Dieu est un sentiment religieux fondamental qui résulte de la prise de conscience de l'homme face à ce qui le dépasse, tel Moïse au buisson ardent (EX 3,6) ou Jacob après sa vision nocturne (GN 28, 17). Bahá'u'lláh encourage les hommes à développer ce sentiment chez chacun car, dit-il : "C'est la cause principale de la protection de l'humanité et l'instrument suprême de sa préservation. Il existe en fait chez l'homme une faculté qui le détourne de tout ce qui est méprisable et indécent et l'en préserve : le sentiment de honte. Mais il se limite à quelques personnes ; tous ne l'ont pas possédé et ne le possèdent pas." Par ailleurs, Bahá'u'lláh offre aux hommes de suivre ses lois par amour pour lui. La crainte de Dieu est donc cet état de tension entre l'Ami et l'aimé qui pousse l'aimé à faire tout ce qui peut plaire à l'Ami.

15) CREATION

"l'amour est le lien vital inhérent à la réalité des choses, en harmonie avec la création divine." `Abdu'l-Bahá

Dieu étant Créateur, sa création a toujours existé. Mais Dieu étant " tout autre ", Il n'a pas de rapport direct avec la création et c'est par l'intermédiaire de l'Esprit, sa création directe, que le monde physique est créé. Toute création est ainsi d'origine divine : l'homme, qui en fait partie, est par nature incapable d'en saisir l'essence. Bahá'u'lláh affirme, un siècle avant la science moderne, qu'on ne peut connaître que les effets du contact entre l'expérimentateur et l'objet de l'expérience.

L'univers, dont la réalité profonde est spirituelle, existe depuis toujours et existera pour l'éternité puisque Dieu est toujours créateur ; ce qui ne veut pas dire que l'univers n'a pas une origine. Par ailleurs, cela ne permet pas de juger de la valeur des théories scientifiques d'aujourd'hui sur l'origine de l'univers, sur l'état ouvert ou fermé de l'univers ni sur son évolution.

On trouve dans les Ecrits Bahá'ís une conception dynamique de l'Esprit qui, passant du règne minéral au règne végétal, de l'animal à l'humain, s'épanouit dans l'esprit de foi.

16) DEVELOPPEMENT

Le message Bahá'í affirme que le Royaume de Dieu se construit, ici et maintenant, sur cette terre, même si chacun de nous n'est qu'un voyageur, un pèlerin ici bas. Nous sommes " créés pour participer à une civilisation toujours en progrès"

Depuis quelques années, la Communauté Internationale Baha'ie dresse des rapports sur les activités baha'ies dans le monde dans le domaine du développement économique et social, rapports qui frappent par leur importance et leur diversité au vu de la petitesse relative de la communauté baha'ie dans le monde. Basés sur les principes Bahá'ís et notamment sur le concept de consultation qui implique toutes les personnes concernées dans un projet et qui cherche non à aider les gens de l'extérieur mais à les rendre autonomes le plus rapidement possible. Les projets les plus nombreux sont dans le domaine scolaire. Un trimestriel, " One Country " (Communauté Internationale baha'ie, 45, rue Pergolèse 75116 Paris) retraite principalement de ce domaine.

17) DIALOGUE INTERRELIGIEUX

Phénomène relativement récent, le dialogue interreligieux atteignit le grand public à l'occasion de la réunion d'Assise organisée à l'initiative du pape Jean-Paul II. Les Bahá'ís le pratiquent depuis l'origine du mouvement, il y a plus de cent cinquante ans.

Déjà les Bábis, qui étudiaient la Bible, furent vus par les missionnaires protestants comme des cibles privilégiées pour devenir chrétiens car les musulmans refusaient d'approcher un Livre qu'ils considéraient comme corrompu. Plus tard, Bahá'u'lláh révéla plusieurs passages qui exhortent ses fidèles à " fréquenter tous les hommes et les disciples de toutes les religions dans un esprit d'amitié et de concorde."

Entre 1910 et 1913, lors de ses voyages en Europe et en Amérique du Nord, `Abdu'l-Bahá fit de fréquents discours unitaires dans les églises de différentes confessions, dans les centres de théosophie et dans les synagogues. Convaincus de l'unité fondamentale de toutes les révélations qui forment les étapes d'une seule religion de Dieu toujours en évolution, les Bahá'ís n'ont jamais eu de problèmes à approcher les autres croyants sur un pied d'égalité. Curieusement, on leur reproche parfois la profondeur de leurs convictions qui les poussent à tenter de convaincre ceux qui veulent bien les écouter de l'unité de la Révélation divine.

18) DIEU

Dans la lignée des grands monothéismes : judaïsme, christianisme et islam, la Foi baha'ie affirme la grandeur, l'unité et l'unicité de Dieu.

Pourtant, cette affirmation n'est que rarement étudiée à la lumière de Textes qui ont une tonalité agnostique très marquée : "La conception du plus dévot des mystiques, les oeuvres des plus accomplis parmi les hommes, les plus hautes louanges que la plume ou la parole puissent exprimer, tout cela est le produit de l'esprit fini de l'homme et reste enfermé dans les limites de cet esprit". (Bahá'u'lláh)

Bahá'u'lláh affirme à de nombreuses reprises que Dieu est inconnaissable. Ses nombreux attributs énoncés dans les textes Bahá'ís ne sont que des supports que Dieu offre à l'homme pour son progrès spirituel. L'unité de Dieu et son éternité mêmes ne sont que des concepts adaptés à la compréhension humaine : "O fils de l'homme, mon éternité est ma création. Je l'ai conçue pour toi. Fais d'elle une tunique pour ton temple. Mon unité est mon oeuvre, je l'ai édifiée pour toi ; prends-la pour vêtement afin que tu sois, pour toujours, le lieu de la révélation de mon existence éternelle."

Ainsi, l'altérité totale de Dieu est-elle affirmée dans les Ecrits : quoi qu'on imagine de Dieu, c'est un produit de l'imagination humaine. Que l'on soit croyant en un Dieu unique, qu'on l'imagine sous plusieurs formes ou qu'on le nie, tout cela n'est qu'une manière de parler de nous et de notre époque. Seule, la Manifestation de Dieu peut nous offrir une image de Dieu adaptée à notre capacité de réception de la Divinité et de sa Volonté.

19) DOGMES

Pour un baha'i, un dogme est une explication que les hommes (théologiens, conciles, religieux, interprètes auto proclamés des Textes, simples croyants...) donnent d'un sujet spirituel complexe en lui accordant une valeur absolue. Tout à fait légitime au départ, cette explication ne devient un dogme dans le sens Bahá'í qu'à partir du moment où on la qualifie de Vérité absolue.

Ainsi, le dogme fondateur de presque tous les christianismes d'aujourd'hui, La Trinité, n'est un dogme que dans la mesure où des conciles, l'ayant élaboré après plusieurs siècles en mêlant de nombreux concepts d'origines variées, l'ont qualifié de vérité absolue en ce qui concerne la nature d'un Dieu par essence inconnaissable. C'est en ce sens que le mot " dogme " prend dans la littérature baha'ie une connotation négative et qu'on affirme que la Foi baha'ie est adogmatique.

Entendons-nous. Cela ne signifie pas qu'un Bahá'í n'a rien à croire ou que chaque Bahá'í croit ce qu'il veut. Les Ecritures saintes baha'ies abondent en sujets spirituels, éclairés par Bahá'u'lláh, qui donnent une vision nouvelle du monde et de la vie humaine et qu'on pourrait qualifier de dogmes : nature de la relation Dieu / création ; Dieu / Prophète ; sens de l'histoire, nature de l'homme ; etc. Mais deux notions : la relativité de la connaissance humaine et la recherche indépendante de la vérité par chacun empêchent le dogmatisme de s'installer dans la communauté.

20) ECONOMIE

Aspect important de la vie sociale, l'économie n'est jamais traitée séparément des autres activités humaines dans les Ecrits Bahá'ís qui proposent le projet d'une civilisation évolutive, matérielle d'apparence, mais spirituelle en son essence, destinée à l'épanouissement de l'individu et de la société humaine locale et planétaire.

La société telle que l'envisagent Bahá'u'lláh et ses successeurs dans leurs Ecrits n'est pas une société de producteurs / consommateurs. Son but n'est pas de produire plus de richesses pour elles-mêmes, mais de permettre à l'être humain de s'épanouir dans tous ses aspects. D'une part, le pauvre est la responsabilité individuelle du riche, mais d'autre part, la société est responsable du sort de ses membres. Cela dit, la vision baha'ie du monde, positive et dynamique, ne voit dans la pauvreté matérielle aucune vertu particulière.

L'aisance pour tous est un but qu'il est possible d'atteindre dans le cadre du principe de réduction des extrêmes entre richesse et pauvreté. Le monde et ce qu'il contient sont créés pour que l'homme en profite, à la condition première qu'il en reste détaché, c'est-à-dire qu'il ne laisse pas " le monde " s'interposer entre lui et Dieu. La vertu cardinale est le détachement.

On peut d'ores et déjà reconnaître certains grands principes élémentaires qui devraient façonner les sociétés du futur et leurs économies dans un sens prévisible, avec toutes les réserves nécessaires à cet exercice.

Le monde physique n'est ni une vallée de larmes, ni un mirage, ni un éden. C'est un lieu dans lequel chacun de nous peut et doit progresser. Il faut le respecter et le protéger. C'est, sur le plan physique, notre niche écologique et, sur le plan spirituel, la matrice qui permet notre développement. Nous pouvons en jouir sans le placer pour autant en avant de nos priorités essentielles.

L'espèce humaine ne forme qu'une seule branche du phylum de la vie. Les différences physiques, sociales et autres ne représentent que des feuilles de cette branche.

Tous les préjugés : de sexe, de race, de religion, de culture, d'éducation, etc. sont des facteurs de nécrose du tissu humaine social qu'il faut s'efforcer d'éradiquer.

L'humain est un être social. Il faut trouver un équilibre entre l'individu et la société. Aucun des deux ne peut s'épanouir sans l'autre.

L'excès étant un facteur négatif dans tous les domaines, les écarts excessifs de richesse et de pauvreté doivent être réduits, aussi bien entre les individus qu'entre les pays.

L'instruction obligatoire pour tous doit inclure l'éducation des idéaux de coopération, d'harmonie et d'action sociale, ainsi qu'un renversement de l'échelle des valeurs dans le domaine professionnel : les métiers " utiles " aux autres étant les plus appréciés avec, en premier, celui d'agriculteur.

L'activité humaine : artistique, artisanale, industrielle, commerciale ou autre, étant considérée comme égale à l'action de prier, action fondamentalement nécessaire à l'évolution spirituelle de l'individu, il s'ensuit que le travail est un des droits fondamentaux de l'être humain.

D'ores et déjà, malgré la jeunesse de leur religion et la petite taille de leur communauté, en 1996 les Bahá'ís ont concrétisé leur conception du monde dans plus de 1 300 projets de développement économique et sociaux. Une association, le Eurpean Bahá'í Bussiness Forum (EBBF) s'intéresse aux question de la vie en entreprise vue au prisme des idéaux Bahá'ís.

21) ECRITURES SAINTES

Le concept de Révélation progressive implique que l'Ecriture sainte est formée de l'ensemble des textes révélés par les fondateurs des grandes religions du passé. Ainsi la Bible, le Coran et, dans la mesure où l'on peut les considérer comme authentiques, les textes fondateurs de l'hindouisme, du bouddhisme, du zoroastrisme... font partie du bagage religieux du baha'i.

En effet, échappant au double piège du syncrétisme et de l'éclectisme, la foi baha'ie accepte et intègre, dans une perspective historique évolutive, toutes les révélations du passé, se présentant elle-même comme une nouvelle effusion de l'Esprit dans l'histoire du monde. En réponse aux promesses sacrées de Moïse, Bouddha, Jésus ou Muhammad, Bahá'u'lláh affirme inaugurer l'ère nouvelle de l'accomplissement, le Royaume de Dieu sur la terre.

Le lecteur trouvera dans les Ecritures baha'ies ample matière à réflexion, découvrant des textes religieux compatibles avec notre époque et qui, souvent, la précèdent. Il y trouvera aussi les principes religieux, intellectuels, moraux et sociaux indispensables à une transformation de la société mondiale pour que l'évolution de notre planète ne soit plus synonyme de danger, d'instabilité et de tension mais, au contraire, source de développement, d'harmonie et de progrès.

22) EDUCATION

L'intelligence est un don de Dieu. L'éducation aura pour but de faire s'épanouir toutes les potentialités humaines, spirituelles et intellectuelles présentes en chaque individu. Il faut éduquer les filles comme les garçons avec toutefois, s'il faut choisir, une préférence pour les filles qui sont de futures mères et donc de futures éducatrices de leurs enfants. Chacun doit suivre sa vocation et toutes les sciences sont à étudier à l'exception de celles " qui commencent par des mots et qui finissent par des mots".

23) EGALITE

L'égalité n'est pas à confondre avec la similitude. Ainsi, comme pour le concept Bahá'í d'unité, le concept d'égalité est enrichi de l'idée de diversité et de différences.

La première égalité fondamentale est celle de tous les êtres humains, devant Dieu et devant les hommes. Dans le cadre d'une société baha'ie, il est inconcevable de faire une différence entre Bahá'ís et non-Bahá'ís. Bahá'u'lláh précise, par exemple, que devant un tribunal, un bon témoin est quelqu'un connu pour être honnête, sans tenir compte de son origine, de ses croyances ou de son statut social, etc.

Il semble que l'égalité entre homme et femme se fera, non par l'imitation de l'attitude des hommes par les femmes, mais au contraire, par un développement des qualités dites " féminines " de l'être humain.

L'exception remarquable qui limite aux hommes la possibilité d'être membres de la Maison Universelle de Justice est encore inexpliquée et doit être vue à la lumière de l'ensemble des Enseignements qui encouragent constamment à la promotion de la femme dans l'optique de cette affirmation de `Abdu'l-Bahá : "L'égalité entre l'homme et la femme a été complètement appliquée à l'exception de petits détails mineurs et sans importance".

24) ESPERANCE

La bonne nouvelle que font connaître les Bahá'ís c'est que l'espérance qui fait vivre les hommes depuis la nuit des temps est accomplie dans la venue de Bahá'u'lláh. Nous vivons aux temps des accomplissements. Le monde meilleur : le Royaume, est à bâtir, à créer ici et maintenant. C'est pour construire ce monde que Bahá'u'lláh libère l'humain des superstitions du passé en relativisant la capacité humaine à connaître la réalité du monde, supprimant ainsi la source des innombrables luttes qui jalonnent l'histoire ; en donnant les moyens nécessaires à l'établissement d'une communauté humaine diverse et variée, mais unie ; en confirmant toutes les Traditions de l'histoire humaine mais en les situant dans l'économie divine de la Révélation progressive ; en donnant l'outil pour régler les conflits (la consultation) ; en renouvelant l'Alliance éternelle de Dieu. Le message Bahá'í est la bonne nouvelle qui permet de transformer l'espérance en joie.

25) ESPERANTO

La nécessité d'adopter une langue auxiliaire universelle qui permettrait, tout en conservant sa langue maternelle, de communiquer avec tous les humains, est au centre des convictions Bahá'ís.

Lors de son séjour à Paris, `Abdu'l-Bahá, encouragea les Bahá'ís à étudier l'espéranto comme preuve de l'intérêt des Bahá'ís pour cette idée. Sans promettre que l'espéranto serait la langue auxiliaire du futur, Il encouragea tout le monde à la pratiquer et à l'améliorer.

Lydia Zamenhof, fille cadette du créateur de la langue, fut une active propagandiste de la foi baha'ie et de l'espéranto. Elle connut une fin tragique à Auswich.

La Ligue esperantiste baha'ie participe à toutes les activités de l'union esperantiste internationale Bahaa Esperanto-Ligo, BP. Kesto 50 01 33 DE-60391 Francfort, Allemagne

26) EVOLUTION

L'évolution est un mot clé de la conception baha'ie du monde. Et ce, tant dans le domaine religieux (cf. l'Alliance) que dans le domaine scientifique, politique, social, humain." saches que rien ne reste dans un état de repos, c'est-à-dire, que toute chose est en mouvement. Tout est soit en croissance ou en déclin, toutes les choses sont soit en train d'aller de la non-existence à l'être, soit de l'être à la non-existence." (`Abdu'l-Bahá)

Dans le cadre de l'évolution, le mot important à retenir pour saisir la conception baha'ie est " potentialité " qui est applicable à la nature, à l'être humain, aux sociétés humaines, aux religions, etc.

27) EXPANSION

D'après la World Christian Encyclopedia, qui rassemble les études sur le terrain d'environ 500 spécialistes, démographes et statisticiens sur les religions du monde, la Foi baha'ie est la religion la plus répandue dans le monde après le Christianisme. L'information fut reprise dans le supplément 1992 de l'Encyclop3/4dia Britannica.

Sept millions environ dans le monde aujourd'hui (1997), les Bahá'ís sont présents dans tous les pays. Ils sont représentés auprès de l'ONU par une organisation non gouvernementale : la Communauté Internationale Baha'ie (BIC) dotée d'un statut consultatif auprès du Conseil Economique et social et de l'Unicef. La BIC travaille avec l'OMS et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUE). Elle est membre du WWF dans le cadre d'un réseau des religions pour la protection de la nature et travaille avec de nombreuses autres organisations non gouvernementales.

28) FAMILLE

La société humaine est fondée sur la famille, environnement idéal pour le développement harmonieux des enfants. Aussi sincères que soient les réactions actuelles contre cette structure " naturelle ", c'est la famille et non l'individu qui est le noyau de base de la société.

Quelle forme prendra la famille dans le cadre d'une société baha'ie ? Sera-t-elle parentale ou élargie ? Il est trop tôt pour le dire et rien n'empêche d'imaginer des variations d'une région à l'autre.

Si la famille est le fondement de la société, il s'ensuit que sans être obligatoire, le mariage est l'état normal d'un individu adulte et que l'activité sexuelle doit s'exercer dans le cadre de ce mariage (ce qui empêche de reconnaître les attitudes homosexuelles et les hétérosexuelles permissives comme des moyens appropriés de conduire à l'épanouissement équilibré de l'individu et de la société, épanouissements qui réagissent l'un sur l'autre.)

Une des rares cérémonies baha'ies légèrement ritualisées, le mariage est soumis à deux conditions nécessaires qui sont explicitement posées dans les Textes :

a/ liberté de choix des futurs conjoints.

b/ Accord, mais ensuite seulement, des parents, " pour établir la paix".

La cérémonie elle-même doit comporter obligatoirement la récitation, par le mari et la femme, d'un verset qui se lit ainsi : "En vérité, nous obéirons à la volonté de Dieu". Pour le reste, tout est au choix des conjoints. On peut ajouter de la musique, des textes, etc.

29) FEMMES

Dès l'origine du mouvement, les femmes furent très présentes. L'on peut citer :

Tahirih, seule femme parmi les dix-huit premiers croyants que le Báb nomma : les Lettres du Vivant. Sa personnalité étonnante, sa science et son courage, en firent un des principaux acteurs des dramatiques débuts du Bábisme. Elle fut la première femme à ôter sont tchador en public, provoquant un immense scandale. Elle mourut martyre, étranglée puis jetée au fond d'un puit. Pour plus de détails, on peut lire, malgré de nombreuses inexactitudes, l'ouvrage d'Arthur de Gobineau " Religions et philosophies de l'Asie centrale".

Bahiyyih Khanum, la fille aînée de Bahá'u'lláh qui, après le décès de son père fut le principal soutien de `Abdu'l-Bahá lorsqu'il fut attaqué par les membres de sa famille qui ne voulaient pas accepter sa position de Centre de l'Alliance que lui avait accordée Bahá'u'lláh.

Martha Root, journaliste qui fit plusieurs fois le tour du monde pour répandre le message Bahá'í et qui sut approcher des personnages haut placés comme les présidents Benés et Masarik ou la reine Marie de Roumanie qui devint la première tête couronnée à accepter la nouvelle révélation.

Mary Maxwell, connue sous le nom de Ruhiyyih Khanum, l'épouse du Gardien, Shoghi Effendi. Nommée Main de la Cause peu de temps avant le décès de son mari, elle continue malgré son grand âge à voyager de par le monde pour représenter la communauté baha'ie dans les grandes occasions.

L'unité de l'humanité qui est au centre du message Bahá'í implique l'égalité des droits et des devoirs des hommes et des femmes. Bahá'u'lláh assure que le progrès de l'humanité dépend du travail en commun des hommes et des femmes.

Les associations baha'ies qui travaillent à l'amélioration de la condition féminine sont actives dans de nombreux pays. En France, " L'Association Baha'ie des Femmes " participa activement à la conférence mondiale des femmes tenue à Pékin en 1996.

30) FETES

La foi baha'ie est une religion joyeuse. Elle reflète cette joie dans son calendrier.

En effet, afin de marquer le début des temps nouveaux, le Báb révéla un calendrier approuvé par Bahá'u'lláh et que les Bahá'ís suivent aujourd'hui pour leurs fêtes communautaires.

Le calendrier Bahá'í est un calendrier solaire divisé en 19 mois de 19 jours. Pour arriver à 365, on ajoute tous les ans, avant le mois de jeûne (du 2 au 21 mars) quatre jours (cinq, les années bissextiles), consacrés à l'hospitalité : les jours intercalaires.

Chaque mois porte le nom d'un attribut de Dieu : splendeur, gloire, beauté, verbe, puissance, etc.

Neuf jours fériés sont, dans la mesure du possible, chômés : la naissance du Báb, la naissance de Bahá'u'lláh, la déclaration du Báb, la déclaration de Bahá'u'lláh, le martyre du Báb, l'ascension de Bahá'u'lláh, le premier, neuvième et douzième jours de la fête de Ridvan, et le Naw-Ruz, premier jour de l'an Bahá'í (21 mars). L'ère baha'ie commence au Naw-Ruz précédant la déclaration du Báb en 1844. Ainsi, le 21 mars 2 000 sera le début de l'an 157 de l'ère baha'ie.

Le premier jour de chaque mois se tient la Fête du dix-neuvième jour (ou Fête des dix-neuf jours). Elle est divisée en trois parties : spirituelle, administrative et conviviale, et chaque communauté aura la Fête qu'elle mérite ! Au minimum, ce sera une réunion amicale des quelques Bahá'ís d'une commune. Ce peut être aussi un moment d'exaltation et de joie avec musique, chants et danses, textes Bahá'ís lus ou chantés, etc.

La partie spirituelle doit être composée de textes révélés. On peut choisir des passages des Ecritures passées : Ancien et Nouveau Testaments, Coran, etc. mais surtout, et le plus souvent, des Ecrits Bahá'ís.

La partie administrative sera consacrée au dialogue entre la communauté et l'Assemblée Spirituelle Locale, au partage des informations internationales, nationales et locales, et les suggestions offertes par la communauté à son institution locale.

31) FONDS Bahá'ís ET " PART DE DIEU"

Les fonds Bahá'ís ne peuvent être alimentés que par la contribution volontaire des seuls Bahá'ís. C'est à chacun de donner, suivant ses possibilités. On peut donner pour des buts précis ou laisser les institutions juger de l'usage de l'argent.

Pour réduire la différence entre les extrêmes de richesse et de pauvreté, Bahá'u'lláh révéla notamment la loi de la Part ou le Droit de Dieu.

La particularité de cet impôt c'est d'être strictement volontaire. Nul n'est autorisé à demander à quelqu'un s'il a payé ou non la Part de Dieu qui ne peut être acceptée que si elle est offerte avec joie, avec amitié et avec plaisir : "Si telle est l'attitude, on peut l'accepter. Sinon, non".

Il y a une grande différence entre la Part de Dieu et les autres fonds Bahá'ís. En effet, la Part de Dieu est un dû spirituel, alors que les croyants décident librement de leurs contributions suivant leurs ressources respectives.

32) FUTUR

"L'unité du monde est maintenant le but vers lequel tend une humanité harassée. L'édification de la nation est une tâche terminée. L'anarchie inhérente à la souveraineté de l'Etat approche de sa culmination. Un monde en marche vers sa maturité doit renoncer à ce fétiche de l'Etat souverain et reconnaître l'unité de la race humaine pour établir une fois pour toutes l'organisme capable d'incarner ce principe fondamental de son existence...

"L'unité de la race humaine telle que la conçoit Bahá'u'lláh implique l'établissement d'une communauté universelle où nations, races, classes et croyances seront étroitement et définitivement unies, où l'autorité des dirigeants d'une part, et la liberté personnelle et l'initiative des individus d'autre part, seront complètement et pour toujours sauvegardées." Un système de fédération universelle qui régira la terre entière et exercera sur ses ressources, d'une inimaginable ampleur, une autorité à l'abri de toute discussion, qui incarnera tout ensemble l'idéal de l'Orient et celui de l'Occident, qui sera affranchi de la malédiction de la guerre et de ses misères et qui tendra à l'exploitation de toutes les sources d'énergies disponibles à la surface de la planète ; un système dans lequel la Force sera mise au service du droit et dont la vie sera soutenue par la reconnaissance universelle de Dieu et l'obéissance à une seule Révélation, tel est le but vers lequel les forces unificatrices de la vie poussent l'humanité ! " (Vers l'apogée de la race humaine. Shoghi Effendi. 1936)

33) HOMME

L'être humain est avant tout un être spirituel. Cette affirmation qui manque d'évidence aujourd'hui pour le lecteur occidental moyen est acceptée sans réticence par la grande majorité de l'humanité et qui, aujourd'hui, oserait prétendre que dans le domaine spirituel l'occident dépasse les autres civilisations ?...

Que la réalité de l'homme soit spirituelle, `Abdu'l-Bahá en voit la preuve dans sa capacité réflective, dans ses pensées, et dans ce " plus grand don de Dieu à l'homme : son intellect " qu'il est le seul dans la création à posséder.

L'homme a trois aspects :

* Son corps, son niveau animal, qu'il partage avec les animaux.

* Une " âme rationnelle ", l'intelligence humaine, qui est l'intermédiaire entre son corps et son esprit.

* C'est lorsqu'il permet à l'Esprit par l'intermédiaire de son âme, d'éclairer sa compréhension que l'homme comprend alors toute la création. Lorsque l'homme ferme son coeur aux bénédictions de l'Esprit et que son âme se tourne vers les aspects matériels de la vie, il descend de son rang et peut devenir inférieur au règne animal lui-même.

Si le corps, étant composé, se décompose, l'âme n'étant pas une combinaison d'éléments est indivisible, abstraite, hors du monde physique, immortelle.

34) JESUS

Vivant dans une culture marquée par la tradition chrétienne, il est normal pour un Bahá'í d'Europe de se situer par rapport au Christ et surtout par rapport aux conceptions diverses qu'en ont ses disciples.

Le Christ est ce Verbe dont parle Jean : "Au commencement le Verbe était, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu." (Jean 1). Cette référence montre que le Christ biblique est l'éternel Esprit divin, réalité récurrente que Bahá'u'lláh appelle la "divine Présence". Le Christ n'est pas seulement le personnage historique de Jésus de Nazareth, c'est cette Présence divine qu'il manifestait. En ce sens, on peut affirmer avec les chrétiens qu'il n'y a qu'un seul Christ, incomparable, ineffable, "le chemin, la vérité, la vie", qui existait "avant qu'Abraham fut", par qui "toutes choses furent faites" et qui est revenu, comme Jésus l'a promis. Bahá'u'lláh n'est pas un "nouveau Christ", mais le même avec un nouveau nom, le Fils revenu dans la Gloire du Père.

Pour un chrétien, devenir Bahá'í ce n'est pas renoncer à Jésus ni le renier, bien au contraire, c'est reconnaître toute la vérité du message du Christ dans son authenticité primitive et son accomplissement dans le message de Bahá'u'lláh. Tout comme les chrétiens se sentent unis aux juifs, les Bahá'ís se sentent unis aux chrétiens et, au-delà, à toutes les traditions religieuses du passé. Loin de renier ses racines, c'est en retrouvant la sève qui les fit croître qu'on devient baha'i.

35) JEUNE

Un des aspects fondamentaux de toute religion (l'autre étant la prière) le jeûne Bahá'í consiste à s'abstenir de toute boisson et nourriture du lever au coucher du soleil pendant une période de dix-neuf jours comprise entre le 2 et le 20 mars, période au cours de laquelle la durée du jour est plus ou moins égale à la nuit.

Ce jeûne est présenté comme un symbole qui rappelle à l'homme sa nature spirituelle. Le Bahá'í qui jeûne doit le faire sans ostentation. Les voyageurs, les femmes enceintes, les malades, en sont dispensés comme le sont les travailleurs qui en seraient affaiblis. Cette période est suivie du Naw-Ruz (norouz), célébration de la nouvelle année, le premier jour du Printemps.

36) JUSTICE

Fondement de la vision sociale de Bahá'u'lláh, la justice prend sous sa plume un sens différent de celui communément admis : "Le but de la justice est de faire apparaître l'unité entre les hommes. L'océan de la divine sagesse surgit de ce mot magnifique dont aucun livre au monde ne peut expliquer la signification profonde."

Pour l'individu, la justice est un don divin qu'il doit pratiquer tous les jours de sa vie : "O fils de l'Esprit ! A mes yeux, la chose préférée est la justice. Ne t'en écarte pas si c'est moi que tu désires, et ne la néglige pas afin que je puisse me fier à toi. Par elle, tu pourras voir par tes propres yeux et non par ceux des autres, et tu pourras comprendre par ton propre savoir et non par celui du prochain. Pèse bien ceci : comment dois-tu être ? En vérité, la justice est le don que je te fais, le signe de ma tendre bonté. Ne la perds donc pas de vue."

"L'essence de tout ce que nous avons révélé pour toi, c'est la justice. Pour l'homme elle consiste à se libérer des vaines imaginations et des imitations, à contempler Son oeuvre glorieuse du regard de l'unité et à considérer toute chose d'un oeil pénétrant."

Au plan social, les institutions que Bahá'u'lláh établit pour gérer la société se nomment les " maisons de justice".

37) LAICITE

Dans ses Ecrits, Bahá'u'lláh ne cesse de souhaiter une restructuration complète de l'ordre social. Sa vision du renouveau englobe tous les aspects de la vie, de la morale personnelle à l'économie et au mode de gouvernement, du développement communautaire à la pratique religieuse.

La Foi baha'ie est une religion " laïque " au sens strict, Bahá'u'lláh ayant interdit la formation d'une caste de clercs ayant autorité sur les consciences et détentrice de la connaissance. L'autorité de gestion politique est entre les mains du peuple qui se gouverne par l'intermédiaire d'élus réunis en conseils : les maisons de justice, aujourd'hui appelés : Assemblées Spirituelles locales et nationales et la Maison Universelle de Justice. Ces conseils sont élus à bulletin secret, sans candidatures, sans listes électorales ni campagnes...

L'équivalent des clercs peut se reconnaître dans la branche des " savants " : Mains de la Cause, Conseillers... qui ont pour rôle de conseiller les institutions et les croyants mais qui n'ont aucun pouvoir.

Un processus inéluctable va renverser les barrières traditionnelles de race, de classes, de croyance, de religion et de nation pour donner progressivement naissance à une civilisation mondiale qu'il est encore difficile d'imaginer mais dont les premiers contours commencent à se dessiner dans le brouillard du futur : une société responsable formée de citoyens conscients de leur unité planétaire.

38) LANGUE AUXILIAIRE

L'un des moyens préconisés par Bahá'u'lláh pour avancer vers la paix, c'est de choisir une langue auxiliaire universelle, parmi celles existantes ou une langue à créer, qui permettrait à tous de se comprendre, tout en gardant sa diversité culturelle. `Abdu'l-Bahá encouragea régulièrement les Bahá'ís à apprendre l'Esperanto, comme un exemple à donner plutôt que comme un choix arrêté. Ce choix ne pourra être définitif que lorsque l'humanité sera prête à le prendre.

39) LOIS

Un chrétien peut trouver étrange qu'une Révélation apporte des lois. Pourtant, même le Christ, qui en révéla très peu, n'a pas failli à la règle : abolition du divorce, invalidation des offrandes dans certaines conditions, nécessité de l'amour fraternel, etc.

On ne peut comparer les lois divines aux lois sociales. La justice humaine fait des lois suivant un état donné de la société qui est apprécié, à une époque précise, par les élus de cette société, suivant leur capacité et parfois leurs intérêts. C'est une expression du pouvoir ou du contrôle du groupe dominant.

La Loi révélée est le reflet de la réalité intérieure qui gouverne l'humanité. L'obéissance à la Loi est source de bonheur ; moins une entrave à la liberté qu'un guide au service de la libération de l'individu. La Loi modèle une société, crée un nouveau paradigme social et forme une humanité nouvelle. Il est particulièrement significatif que dès les premiers paragraphes du Très saint Livre (le Kitáb-i-Aqdas, son livre de lois) Bahá'u'lláh affirme : "Ne croyez pas que nous vous ayons révélé un simple code de lois. Nous avons plutôt décacheté, avec les doigts de la force et du pouvoir, un vin scellé...".

Bahá'u'lláh conseille d'appliquer ses lois en fonction de la maturité de l'humanité. Seules quelques règles sont aujourd'hui demandées aux Bahá'ís du monde.

40) MAL

La foi baha'ie est une religion fondamentalement positive : pas de péché primordial, pas de tare originelle, pas de Réalité maligne. Quel dynamisme contenu dans cette vision ! Plus de démiurge méchant à l'affût de nos faiblesses : nous sommes notre propre satan (tentateur) et le Mal n'a pas d'existence en soi. Comme l'obscurité est absence de lumière, la pauvreté l'absence de richesse, l'ignorance le manque d'instruction, le mal est l'absence de bien.

Ce qui précède n'implique aucun angélisme. Affirmer ne pas croire à l'existence positive du Mal, n'empêche pas de voir que le mal existe, que c'est une expérience quotidienne de chacun, qu'il exerce une influence dans le monde et que les forces négatives peuvent contrôler notre vie si nous ne nous protégeons pas contre elles. L'obscurité n'est qu'absence de lumière, mais comment dire qu'elle n'existe pas ? le vide n'est qu'absence d'air mais ses effets peuvent être dévastateurs.

Dieu est bon et c'est lui qui, de toute éternité, pardonne au pécheur repentant. La théorie paulinienne de la Chute et de la Rédemption ne trouve pas sa place dans l'économie divine telle que l'expose Bahá'u'lláh. La notion de mal étant relativisée, c'est la Manifestation de Dieu qui nous dit ce qui est bon pour l'Homme à une époque donnée. Cela explique les différences de lois enseignées par les différents fondateurs de religions : ce qui est bon pour une époque donnée peut devenir mauvais pour une autre. Le bien peut donner le mal et réciproquement suivant l'époque et les manières de les mettre en pratique.

41) MEDITATION

"La méditation est la clef qui ouvre la porte des mystères ; dans cet état l'homme fait abstraction de lui-même ; il s'éloigne de toutes choses extérieures ; dans cet état subjectif, il est immergé dans l'océan de la vie spirituelle et peut découvrir les secrets des choses en elles-mêmes..." Si la méditation est une activité recommandée pour les Bahá'ís, aucune indication de méthode n'est prônée plus qu'une autre. Il est conseillé de méditer sur les versets révélés par Bahá'u'lláh, mais chacun choisit ce qui lui convient pour arriver à cet état méditatif où l'homme parle à son esprit et où son esprit lui répond.

Les Bahá'ís sont aussi encouragés à lire les Ecrits, matin et soir, avec plaisir et non comme un pensum. C'est pourquoi il n'est pas nécessaire de lire des pages et des pages ; une phrase peut suffire.

Réciter Allah'u'Abha (Dieu est le plus Glorieux) quatre-vingt-quinze fois est une pratique quotidienne qui peut se rapprocher de pratiques bouddhistes ou soufies.

42) MESSIE

Bien que le terme soit spécifiquement juif, il recouvre ici le concept, partagé par toutes les grandes religions, du retour de leur fondateur au temps de la fin (ou la fin des temps) qui inaugurera une époque de bienfait, de richesse et de bonheur : "le royaume de Dieu sur la terre " des chrétiens.

Qu'on les appelle Messie ou Prophète, Avatar ou Manifestation de Dieu, ces personnages sont au centre des prophéties de toutes les Révélations. Pour les Bahá'ís, toutes ces prophéties trouvent leur accomplissement dans la venue de Bahá'u'lláh. Ainsi, et d'une manière très succincte :

Pour les Bahá'ís d'origine juive, Bahá'u'lláh est la venue du " Seigneur des Armées". Descendant d'Abraham, " branche de l'arbre de Jessé ", Bahá'u'lláh est venu conduire les nations pour qu'elles transforment " leurs épées en socs de charrue". Beaucoup d'aspects des exils involontaires de Bahá'u'lláh, de Téhéran à Bagdad, de Constantinople en Terre sainte, ainsi que d'autres événements historiques de sa vie sont vus comme accomplissant de nombreuses prophéties bibliques.

Pour les Bahá'ís d'origine bouddhiste, Bahá'u'lláh accomplit les prophéties annonçant la venue d'un Bouddha " nommé Maitreya, Bouddha de la Fraternité universelle ", qui suivant les traditions, apportera à l'humanité la paix et l'illumination.

Pour les Bahá'ís d'origine chrétienne, Bahá'u'lláh accomplit les promesses paradoxales du Christ de revenir " dans la gloire du Père " " comme un voleur dans la nuit".

L'année 1844 fut considérée par beaucoup de Chrétiens comme une année pivot, celle du Retour. Les Bahá'ís voient dans leurs enseignements l'accomplissement de la promesse de Jésus de rassembler tous les peuples afin qu'il n'y ait plus " qu'un seul peuple et qu'un seul pasteur".

Pour les Bahá'ís d'origine musulmane, Bahá'u'lláh remplit les promesses du Coran, " la grande révélation " quand " Dieu " descendra sur terre " dissimulé dans un amas de nuages".

Il est évident que la brièveté de cet article ne peut que conduire à la simplification à outrance. Le lecteur intéressé pourra creuser, grâce à la bibliographie à la fin du présent volume, le domaine qui l'intéresse.

43) MIRACLES

La position de Bahá'u'lláh sur le sujet est illustrée par l'histoire suivante :

Exilé à Bagdad, il inquiète des religieux qui décident de le mettre à l'épreuve. Un messager lui est envoyé avec cette invite : "Nous vous reconnaissons comme un homme sage, mais vous prétendez être beaucoup plus que cela. Nous ne pouvons l'accepter d'emblée. Pourtant, si vous pouviez faire un miracle pour nous convaincre, nous serions prêts alors à reconnaître votre rang divin". Bahá'u'lláh écoute avec attention le messager puis répond, en substance : "Bien que ce soit à Dieu de mettre ses serviteurs à l'épreuve et non l'inverse, nous acceptons votre proposition. Nous sommes prêts à accomplir un miracle. Mais pour que cela soit utile, il faudra d'abord remplir deux conditions :

1/ mettez-vous d'accord sur la nature de ce miracle.

2/ Faites ensuite savoir à tout le monde le marché que nous avons conclu. Nous serons prêts ensuite à faire tout ce que vous nous demanderez."

Le messager, trouvant le marché honnête, retourne auprès de ses commanditaires... qui ne purent jamais se mettre d'accord sur le genre de miracle qu'ils pourraient demander car ils craignaient que Bahá'u'lláh l'accomplisse et qu'ils soient ensuite obligés de le reconnaître...

Aussi nombreux qu'ont pu être les " miracles " de Bahá'u'lláh, lui-même considéra toujours que le plus grand des miracles est de " changer le coeur des hommes".

44) MONDE

Un auteur a pu dire que la Révélation baha'ie est " la subversion de la religion par la religion". Loin de profaner le sacré, elle va au-delà de l'opposition sacré / profane et s'élève au-dessus de ce qu'on considère en général comme la sphère du religieux : rites, cultes et symboles qu'on finit par croire plus réels que les réalités auxquelles ils se rapportent... Ce n'est pas un salut pour échapper au monde que recherche le Bahá'í mais un salut dans la transformation du monde. Ce monde qui est vu, dans les Ecrits Bahá'ís, comme un ensemble d'êtres créés, en interaction continuelle les uns avec les autres, vivifiés par l'Esprit qui les traverse et les anime.

Sur le plan spirituel, le monde n'est pas forcément la création qui nous entoure : "Sachez que par " le monde " il faut entendre l'oubli de Celui qui vous a créés, l'absorption de l'esprit et du coeur dans ce qui n'est pas Lui. La " vie à venir " signifie au contraire les choses qui sûrement vous rapprochent de Dieu, le Très Glorieux, l'Incomparable."

Mais l'approche baha'ie du monde est tout autant pragmatique que spirituelle. Dès que les communautés baha'ies furent assez importantes pour soutenir des entreprises durables, le nombre de projets de développement social ou économique crût d'une manière étonnante. Ces projets, qui impliquent aussi des non-Bahá'ís, vont de la formation agricole aux soins de santé, du développement communautaire à la protection de la nature, d'une station radio à des campagnes d'alphabétisation. Plusieurs milliers de ces projets sont en cours d'exécution. Leur nombre s'accroît régulièrement tous les ans. En effet, dans l'optique baha'ie, Révélation = civilisation.

45) MORT

La Foi baha'ie n'enseigne ni la réincarnation ni la résurrection aux sens où ces mots sont généralement compris. Le corps a un usage bien précis dans ce monde : nous permettre d'y acquérir des qualités spirituelles utiles dans notre évolution qui est un voyage spirituel vers une perfection humaine qu'on ne pourra jamais atteindre.

La réalité de l'être humain étant son aspect spirituel : ce qu'on appelle son âme, la relation entre cette vie et la vie future est semblable au rapport entre la vie utérine et la vie après la naissance. L'embryon dans le sein de sa mère ne peut concevoir l'au-delà qu'est pour lui le monde des " nés". Il n'en a que des échos lointains : chocs, émotions de la mère, sons, etc... Pourtant, il prépare la croissance physique qui le rendra capable de vivre et d'évoluer dans notre monde.

De même, les vivants dans ce monde physique ne peuvent concevoir le monde de l'au-delà qui est abstrait, spirituel. Mais on prépare ici-bas ces qualités spirituelles qui nous seront utiles pour vivre et progresser dans l'au-delà, comme le foetus développe jambes, bras, bouche et poumons inutiles dans l'immédiat mais indispensables dans sa vie future, c'est-à-dire, ici. La mort comme anéantissement n'est qu'imagination humaine.

Quant aux notions de paradis et d'enfer, elles sont dans les Ecrits Bahá'ís des états de proximité ou d'éloignement de Dieu. Chaque état est la conséquence naturelle de nos efforts ou de notre manque d'efforts individuels pour développer notre nature spirituelle. La clé du progrès spirituel est de suivre la voie indiquée par les Manifestations de Dieu.

A un ami qui lui demandait comment il fallait considérer la mort, `Abdu'l-Bahá répondit : "Comment doit-on voir approcher le but de tout voyage ? N'est-ce pas avec espoir et confiance ?..."

Les funérailles baha'ies sont sobres. Elles donnent lieu à la seule prière collective recommandée par Bahá'u'lláh. Le corps, lavé avec dévotion par respect pour l'esprit qui y apparut, sera couché dans un linceul puis dans un cercueil avant d'être enterré en un lieu qui ne doit pas être distant de plus d'une heure du lieu du décès. Le cimetière Bahá'í devrait être un lieu agréable de méditation, planté d'arbres et orné de bassins..

46) OPPOSITION

L'opposition à la foi baha'ie est de deux sortes : interne et externe.

L'opposition externe, classique à la naissance de tout mouvement religieux, peut être résumée par la liste des principaux opposants : La dynastie Qajar, le clergé shiite, les gouvernements totalitaires musulmans, le gouvernement nazi, les démocraties populaires, le franquisme... Les persécutions les plus graves ont toujours cours dans l'Iran des Ayat'u'llahs. Depuis 1979, le gouvernement iranien n'a cessé de persécuter les 350 000 membres de la communauté baha'ie du pays. Plus de 200 Bahá'ís furent tués ou exécutés légalement. Plusieurs centaines furent emprisonnées, des dizaines de milliers perdirent leurs emplois, leurs affaires, leurs retraites. Les jeunes furent interdits de scolarité... Les organisations baha'ies sont toutes interdites, les lieux sacrés, les tombeaux, les cimetières confisqués, expropriés, profanés ou détruits.

L'opposition externe peut prendre aussi la forme plus insidieuse d'ouvrages de présentation qui prétendent à l'objectivité au prétexte que l'auteur ne fait pas partie du mouvement dont il parle (belle définition de l'objectivité !...).

Cependant, l'opposition la plus grave, la plus dangereuse mais la plus enrichissante aussi, fut toujours l'opposition intérieure. Elle consiste essentiellement à tenter de créer un schisme dans le corps des membres des communautés baha'ies, à vouloir fonder une secte : Ce qu'on appelle briser l'Alliance. Privés de l'esprit de la foi, ces groupes dégénèrent rapidement. L'étude attentive de l'histoire baha'ie montre qu'elle est constituée d'une suite de crises et de victoires qui en constituent la trame.

47) ORGANISATION

L'Ordre mondial Bahá'í est l'instrument destiné à mettre en pratique la Révélation. Il est basé sur les Ecrits de Bahá'u'lláh et sur le concept de l'Alliance. C'est aussi un modèle de société en gestation qui peu à peu sera adopté par le monde une fois que l'humanité aura fait le tour de toutes les théories sociales et/ou politiques disponibles.

Sans entrer dans le détail de l'organisation actuelle : Maison Universelle de Justice, Assemblées Spirituelles locales et nationales, Conseillers continentaux, etc. qui forment la trame du tissu social baha'i, on peut retirer quelques grands principes qui fondent cette organisation dont le pouvoir, collégial, est basé sur la Parole divine...

Les trois sources de pouvoir sont :
a/ Les Ecritures révélées par Bahá'u'lláh.

b/ Les textes révélés par `Abdu'l-Bahá ; les nombreux textes de Shoghi Effendi.

c/ la Maison Universelle de Justice qui trouve sa légitimité dans le Texte même de Bahá'u'lláh...

Bien qu'élus, les conseils (Assemblées Spirituelles et Maison de Justice) ont un pouvoir issu des Ecrits. Tant à l'intérieur des Assemblées Spirituelles qu'à l'extérieur dans leurs relations avec les croyants, le principe de la consultation s'applique toujours.

"Nulle forme de gouvernement démocratique, aucun système autocratique ou dictatorial, tant monarchique que républicain ; aucune organisation intermédiaire d'ordre purement aristocratique ; ni même aucun des types reconnus de théocraties, tels l'Etat hébreu, ou les diverses organisations ecclésiastiques chrétiennes, ou encore l'imamat et le califat dans l'islam - ne peuvent s'identifier avec l'Ordre administratif que la main maîtresse de son parfait Architecte a créé, ni lui être reconnus conformes." (Shoghi Effendi)

48) PAIX / GUERRE

"De tous les points de vue possibles, la paix doit absolument s'instaurer parmi les nations. Dieu créa une seule terre et une seule humanité pour l'habiter. L'homme n'a pas d'autre demeure ; pourtant il s'est levé pour décréter des frontières imaginaires et des restrictions territoriales, nommant celles-ci " Allemagne ", " France ", " Russie ", etc. et des torrents de sang précieux sont versés au nom de ces divisions imaginaires de notre unique demeure humaine, suivant l'illusion d'un patriotisme étriqué et capricieux ;"

"La grande paix à laquelle ont profondément aspiré les gens de bonne volonté au fil des siècles... se profile enfin à l'horizon mondial. Il est maintenant possible à chacun, pour la première fois dans l'histoire, de voir toute la planète et les innombrables peuples qui l'habitent dans une perspective globale. La paix mondiale n'est pas seulement un concept, mais une réalité vers laquelle l'humanité se dirige inéluctablement. C'est la prochaine étape de l'évolution de cette planète - ce qu'un grand penseur a appelé " la planétisation de l'humanité".

...La paix découle essentiellement d'un état d'âme reposant sur une attitude morale et spirituelle et c'est principalement en invoquant cette attitude que l'on pourra parvenir à des solutions durables...

L'ordre mondial ne peut se fonder que sur la conscience inébranlable de l'unité de la race humaine, une vérité spirituelle que confirment toutes les sciences humaines. L'anthropologie, la physiologie et la psychologie ne reconnaissent qu'une espèce humaine, même si celle-ci est infiniment variée en ce qui concerne les aspects secondaires de la vie. (...)"

En 1911, à Paris, `Abdu'l-Bahá demandait, avec une fausse innocence : "Pourquoi ne pas essayer la paix ? Il sera toujours temps de recommencer la guerre si ça ne convient pas !"

49) PLURALISME

Le pluraliste religieux affirme que toutes les grandes religions sont des conceptions différentes et des réponses variées à ce mystère ultime qu'est la réalité divine. Il s'oppose à la fois à l'exclusiviste qui affirme qu'une tradition, et une seule, enseigne la vérité et qu'elle est la seule voie de salut, et à l'inclusiviste qui considère les autres traditions comme des reflets et des approches de la vérité finale contenue dans une seule tradition, la sienne.

Un des principe fondementaux de la croyance baha'ie est que toutes les religions révélées du monde ont un fondement commun."Sans restriction ni équivoque, elle proclame que toutes les religions établies sont d'origine divine." (WOB P58)

La Foi baha'ie ne revendique pas non plus détenir la vérité complète et finale. Shoghi Effendi explique que les Bahá'ís " ne prétendent pas que leur révélation est la dernière." (WOB p. 59). Elle ne prétend pas non plus à une supériorité inhérente car : "il ne peut faire aucun doute que tous les peuples du monde, à quelque race ou à quelque religions qu'ils appartiennent, dérivent tous leur inspiration d'une seule source céleste et sont les sujets d'un seul Dieu".

50) PREJUGES

Les opinions négatives portées sur les individus ou sur les peuples sont, de l'avis même de Bahá'u'lláh, " la ruine de l'humanité".

`Abdu'l-Bahá conseillait de ne jamais parler des autres, même pour en dire du bien. Et le Gardien écrivait : nous sommes des laboureurs ; A chacun sa charrue. Si je regarde ce que fait mon voisin, mon sillon ne sera certainement pas droit.

L'égalité et la justice existent pourtant : nous sommes comme des récipients. L'un grand, l'autre minuscule peut-être, mais Ce qui compte c'est de combien nous sommes emplis : un grand tonneau à moitié plein n'a pas plus de mérites qu'un petit verre à moitié vide... Or, il nous est déjà difficile de savoir de quelle sorte de récipient nous sommes faits nous-mêmes ; comment alors connaître les autres ?

51) PRIERE

Au quotidien, tout travail utile aux autres est considéré comme une prière. Ne sont encouragées ni la vie uniquement méditative ni la vie orientée dans le seul sens matérialiste. Mais la prière, au sens habituel, est un moyen que Dieu offre à l'homme de mieux se connaître." Le devoir que Tu as prescrit à tes serviteurs d'exalter à l'infini ta gloire et ta Majesté n'est qu'un gage de ta grâce à leur endroit, afin de les rendre capables de s'élever à cet état de la connaissance de soi-même accordé à leur être le plus secret " (Bahá'u'lláh). Cette prière prend plusieurs aspects :

Il y a d'abord la prière quotidienne traduite parfois par " prière obligatoire " à choisir parmi trois textes de longueur différente. Par exemple, la plus courte se récite une fois par jour, entre midi et le coucher du soleil, en se tournant vers le Tombeau de Bahá'u'lláh à Akko :

"Je suis témoin, ô mon Dieu, que tu m'as créé pour te connaître et pour t'adorer. J'atteste, en cet instant, mon impuissante et ton pouvoir, ma pauvreté et ta richesse. Il n'est pas d'autre Dieu que Toi, Celui qui secourt dans le péril, Celui qui subsiste par lui-même."

Les autres textes de prière que l'on rencontre dans les textes Bahá'ís sont en général des extraits des Ecritures et/ou de petits passages révélés dans un but précis.

"Dis : ô peuple ! libérez vos âmes des entraves de l'égoïsme et purifiez-les de tout attachement à ce qui n'est pas moi. Mon souvenir purifie toutes choses de la corruption, le puissiez-vous comprendre !"

52) PROPHETES

La figure du Prophète dans le sens que lui donne aussi l'islam, d'intermédiaire entre Dieu et les hommes, de fondateur d'une religion et d'une culture, est fondamentale dans la vision baha'ie de l'histoire du monde. Les petits prophètes de l'Ancien Testament, qui agissent à l'ombre d'une révélation, en font partie avec, à un autre niveau, les fondateurs de religion, Révélateurs du Verbe divin, Manifestations de Dieu, que sont Adam, Noé, Moïse, Zoroastre, Jésus, Muhammad, le Báb et Bahá'u'lláh, mais aussi Krishna et Bouddha, ainsi que les nombreux autres dont le nom s'est souvent mythifié ou perdu.

La notion de " prophète de vérité " est très ancienne. On la trouve, sous des formes variées, dans toutes les religions, notamment dans la tradition judéo-chrétienne qui est, après tout, la première croyance des chrétiens, ainsi que dans les diverses gnoses juives et chrétiennes, puis dans le manichéisme et dans l'islam. Les différentes interprétations historiques de ces mouvements ne peuvent oblitérer totalement ce concept central : la connaissance de Dieu ne vient aux hommes que par le " vrai prophète " ou " prophète de vérité ", Verbe divin qui revient d'âge en âge guider les hommes vers Dieu. Malgré des cadres culturels et mentaux très différents, on retrouve ce concept dans l'hindouisme, le bouddhisme ainsi que, par exemple, dans les mythologies amérindiennes.

Les relations entre Dieu, le Prophète et les hommes sont depuis longtemps objet de questionnement. Dans le christianisme, Jésus fut divinisé comme Fils, deuxième personne d'un Dieu trine. Dans l'islam, Muhammad ayant précisé qu'il n'était qu'un homme comme les autres c'est le Livre qui devient copartenaire de Dieu dans la mesure où il est considéré comme incréé... Toutes ces évolutions, tardives par rapport à la date de fondation de la religion elle-même, montrent bien la difficulté des hommes à comprendre comment celui qui semble n'être qu'un homme comme eux peut prétendre être le représentant de Dieu. Mais elles deviennent vite des barrières qui divisent les hommes, entretiennent souvent le fanatisme et font éclater les guerres religieuses.

Bahá'u'lláh pose comme préalable la transcendance complète de Dieu. La Manifestation de Dieu n'est qu'un miroir parfait qui reflète la lumière divine vers les hommes. Dans le miroir, le reflet du soleil est semblable au soleil : lumière et chaleur, mais ce n'est pourtant qu'une image.

"Loin, que loin de ta gloire est ce que l'homme peut affirmer de Toi, ou t'attribuer, ou dire à ta louange !..." La porte de toute connaissance de l'Ancien des Jours se trouvant ainsi fermée à la face de tous les êtres, fidèle à la promesse qu'Il a donnée... Celui qui est la source de grâce infinie a fait surgir du royaume de l'esprit, sous la forme du temple humain, ces gemmes lumineuses de sainteté [les Manifestations de Dieu] et Il les a manifestées aux hommes pour qu'elles puissent communiquer au monde les mystères de l'être immuable et lui expliquer les subtilités de son impérissable Essence." (Bahá'u'lláh)

Le Prophète, est "la Voie, la vérité, la vie" et ce n'est que par lui qu'on peut approcher de Dieu. Il n'a pas pour vocation de fonder une église ou une religion, mais de réformer la société humaine en l'arrachant à ses idoles, ses illusions, ses ignorances et ses oublis.

53) QUESTIONS

Les questions des premiers croyants posées à Bahá'u'lláh puis à `Abdu'l-Bahá sont à l'origine de nombreuses clarifications des concepts contenus dans la révélation baha'ie et l'on a pu écrire que la Foi baha'ie est la " religion des questions".

Cette faculté qu'a l'homme de tenter de comprendre le monde qui l'entoure est un don divin qui caractérise l'humanité. `Abdu'l-Bahá affirme que l'âme humaine est rationnelle et que c'est l'esprit, brillant dans le temple humain à travers l'âme rationnelle, qui éclaire et découvre les lois physiques et le monde qui nous entoure.

Aussi ne doit-on pas accepter ce qu'on ne comprend pas ; ce qui est vu comme absurde doit être rejeté comme superstition. Dans le domaine de la sociologie, de l'ethnologie et des sciences humaines, le bon et le mauvais, le bien et le mal, sont des notions relatives à une époque donnée et ne peuvent être définies que par la Manifestation de Dieu qui est le Médecin divin, seul à même de connaître le remède aux maladies de l'humanité. A charge pour l'homme de reconnaître la Manifestation et de chercher à comprendre son Message.

54) REGLE D'OR

Coeur du message éthique de tous les Fondateurs de religion, la règle d'or peut se résumer ainsi : ne fait pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse." Agissez envers les autres comme vous aimeriez qu'ils agissent envers vous." (Luc 6 : 31).

On le retrouve dans toutes les traditions.

Dans l'hindouisme : "Ne fais rien à ton voisin que tu ne voudrais pas le voir te faire à ton égard." Le bouddhisme : "Ne blesse pas les autres par des moyens que tu trouverais toi-même blessants." Et l'islam : "Aucun d'entre vous n'est un croyant tant qu'il ne désire pas pour son frère ce qu'il désire pour lui-même." Et Bahá'u'lláh de confirmer cet enseignement fondamental des relations humaines : "Il ne devra pas souhaiter à autrui ce qu'il ne souhaite pas pour lui-même, ni promettre ce qu'il ne peut accomplir."

55) REINCARNATION

Dit rapidement, les Bahá'ís ne croient pas à la réincarnation, ni dans la compréhension traditionnelle bouddhiste de retour incessant dans une vallée de larmes en attendant d'atteindre un nirvana libérateur ni, à l'opposé, dans la vision occidentale d'un retour ici-bas qui permet d'avoir une nouvelle chance après une vie décevante.

L'image utilisée souvent pour expliquer cette notion de " retour " montre une rose qui revient régulièrement chaque année, qui se réincarne.

`Abdu'l-Bahá explique que la rose de cette année revient, certes, mais sous la forme d'une autre rose qui a les mêmes qualités de forme, de couleur, de parfums. Elle n'est pas stricto sensu la même rose. Les mêmes atomes ne composent pas une rose et l'autre. Ce sont les qualités de la rose qui reviennent et cette sorte de retour là est acceptée par les enseignements baha'i. C'est ainsi qu'on peut dire que Bahá'u'lláh est le " retour " du Christ car les mêmes qualités qui firent de l'un le Fils de Dieu fait de l'autre la Gloire de Dieu. Il en est ainsi de toutes les Manifestations divines.

56) RELATIVISME

On peut classifier les grandes traditions religieuses du monde en deux catégories : le monisme, qui ne voit pas de différence entre la divinité et sa création et le dualisme qui voit la divinité comme séparée de sa création.

La grande originalité du message Bahá'í est son relativisme. Bahá'u'lláh affirme avec force que nous sommes incapables de poser des affirmations concernant la Réalité ou la structure de l'être pour une simple raison : toute connaissance et toute compréhension humaine est relative, un relativisme qui naît de la structure même de notre pensée. Bahá'u'lláh renforce encore ce relativisme en expliquant que la révélation est donnée aux hommes d'une manière progressive, adaptée aux capacités de l'humanité et à ses besoins. Plus encore, la révélation elle-même ne se dévoile aux yeux des hommes dans toute sa richesse que progressivement au cours des siècles.

De ce qui précède il ressort que les querelles théologiques deviennent ipso facto superficielles et pour tout dire, ridicules. On comprend aussi pourquoi tout Bahá'í a le droit - le devoir même - de réfléchir sur les Textes de sa religion et d'en tirer le maximum selon sa compréhension, mais avec l'interdiction d'imposer sa compréhension à quiconque.

57) RICHESSE, ET PAUVRETE

La vision baha'ie du monde ne voit dans la pauvreté matérielle aucune vertu particulière. Une société dans laquelle on trouve des gens très riches et des gens très pauvres est une société tyrannique. Renvoyant dos à dos communisme totalitaire et libéralisme effréné, les Textes Bahá'ís proposent des concepts motivés par la recherche d'un épanouissement possible pour chaque individu. Bahá'u'lláh s'exclame : "Rassassiez-vous des bonnes choses que Dieu vous a accordés et ne vous privez d'aucun de ses merveilleux bienfaits. Sachez seulement Lui rendre grâces et louanges et Lui être du fond du coeur reconnaissants." La vertu cardinale est le détachement. Mais Bahá'u'lláh rejette aussi rejette l'oisiveté comme une tare sociale. Le travail est un droit pour chacun, d'autant plus qu'il est considéré comme un acte d'adoration, Lorsque la maturité spirituelle est atteinte, l'aisance doit être le résultat normal de l'activité, une aisance qui est à consacrer à soi et aux autres.

En résumé, l'aisance matérielle n'est pas négative en soi, le travail vu comme une prière est un droit de chacun, droit qui doit conduire à l'aisance matérielle, Le partage doit devenir une attitude courante, la société a la charge des pauvres, les divisions d'héritage devraient servir à éviter les accumulations excessives, La pauvreté à rechercher est une qualité spirituelle issue de l'humilité devant la gloire divine et de la conviction qu'" Il fait ce qu'Il veut".

58) SALUT

Parler de salut, alors qu'on ne croit pas au péché originel peut sembler étrange à un esprit élevé dans le cadre conceptuel du christianisme. Le salut dont nous parlerons ici n'est pas du même ordre.

Pour Bahá'u'lláh, l'homme n'a pas une nature viciée par un quelconque acte primordial. Nulle trace de concept de péché fondateur, de sacrifice et de rachat. Ces concepts élaborés par l'apôtre Paul n'ont pas trouvé place dans l'optique baha'ie de l'histoire humaine.

L'homme est bon, potentiellement. A lui de creuser, de travailler sur lui-même, de passer des épreuves, de vivre en un mot, pour progresser. Dans quel but ? D'abord, pour se préparer à l'étape suivante qui est la vie après la mort. Ensuite, pour améliorer les conditions matérielles de la vie sur terre afin d'en faciliter le passage à soi-même et aux autres. Plutôt que notion de salut, il faudrait introduire ici la notion de progrès, d'évolution.

C'est le rôle des " Manifestations de Dieu " d'aider les hommes à progresser. Le progrès spirituel rejaillissant sur le progrès physique, les Bahá'ís voient les Messagers divins non seulement comme fondateurs des différentes religions qu'on connaît mais aussi comme initiateurs des civilisations qui jalonnent l'histoire humaine. L'Histoire est vue comme le résultat de l'épanouissement progressif d'une humanité baignée dans la lumière de la Révélation progressive. Nous sommes ici pour participer à l'élaboration d'une civilisation toujours en progrès.

59) SUCCESSION

La foi baha'ie se caractérise par une évolution organique de son histoire et par l'importance primordiale accordée au concept de l'unité, condition de l'accomplissement des promesses des Ecritures sacrées des Révélations précédentes et du progrès de la civilisation : la fidélité à l'Alliance.

Bahá'u'lláh rédigea un testament dans lequel il désigne, une fois de plus, son fils aîné pour lui succéder. 'Abbas Effendi, ne devait pas être vu comme un autre prophète, mais comme le chef spirituel de la communauté, l'exemple vivant de la vie baha'ie, et, comme l'appelait Bahá'u'lláh lui-même, "le Mystère de Dieu". Pour éviter le zèle de certains de ses disciples, 'Abbas Effendi demanda très vite à ce qu'on ne l'appelle que `Abdu'l-Bahá (Serviteur de Baha), coupant ainsi court aux accusations ridicules de certains membres de sa famille jaloux de son autorité.

Son rôle dans le développement de la communauté baha'ie, encore dans son enfance, ne peut être évalué à sa juste valeur. Bahá'u'lláh lui avait donné, et à lui seul, l'autorité d'interpréter tout ce qui, dans le Livre, n'est pas compris des croyants : il est le Centre de l'Alliance et son oeuvre est considérable.

Lui-même rédigea de sa main un testament qui, après son décès en 1921, désignait son petit-fils Shoghi Rabbani, plus connu sous le nom de Shoghi Effendi, comme Gardien de la Cause de Dieu et, à son tour, Centre de l'Alliance.

Le Gardien, dans son rôle d'interprète autorisé laissa un énorme corpus de textes traduits en anglais, langue qu'il maîtrisait à la perfection. Dans son rôle de protecteur et d'organisateur, il laissa lors de son décès en 1921 une communauté structurée, capable de supporter le choc de son décès subit et de se lancer à la conquête spirituelle du monde. Fidèle au Testament de `Abdu'l-Bahá, Shoghi Effendi ne put désigner de successeur. Le Gardiennat est devenu vacant, matérialisé aujourd'hui dans l'abondante littérature et la correspondance écrite de Shoghi Effendi. C'est la Maison Universelle de Justice qui dirige aujourd'hui la communauté baha'ie au niveau mondial comme Centre de l'Alliance.

60) SYNCRETISME

"combinaison peu cohérente ; mélange de doctrines, de systèmes." (le ROBERT.)

La foi baha'ie est-elle un syncrétisme ? L'affirmation est si souvent avancée qu'elle passe pour incontestable. On la rencontre dans tous les dictionnaires. C'est le reproche que lui font, presque toujours, les théologiens et les journalistes catholiques.

On doit probablement trouver l'origine de cette affirmation dans la position baha'ie vis-à-vis des autres religions. Le concept de Révélation progressive fait dire aux Bahá'ís qu'ils croient à l'unité fondamentale des religions. Mais Bahá'u'lláh ne demande pas la création d'un syncrétisme simplificateur qui aurait pour base le plus petit commun dénominateur de toutes les révélations précédentes. Ses idées-forces sont :

1/ La religion doit unir et non diviser. A toute religion qui provoque conflits et luttes, il faut préférer l'absence de religion.

2/ Les diverses Révélations sont comme les chapitres d'un livre, la Religion divine. Dans un roman, les chapitres ne se ressemblent pas, on n'y lit pas la même chose et il serait stupide de les mélanger en un embrouillamini illisible : le livre n'existerait plus. En revanche, les chapitres sont tous Ecrits avec des lettres, des phrases, des paragraphes par le même auteur et ils parlent du même sujet : celui du livre. De même, les religions parlent toutes de Dieu et de ses volontés : prières, jeûnes, lois, prophéties.

3/ Bahá'u'lláh se présente comme accomplissant les prophéties des révélations passées." C'est là l'immuable foi de Dieu, éternelle dans le passé, éternelle dans l'avenir". Plus question alors de mélanger ces religions : pas de " vin nouveau dans de vieilles outres ", mais vérité qui, s'étant manifestée avant et ailleurs, sous d'autres formes et en d'autres mots, se manifeste aujourd'hui dans les Ecrits révélés par Bahá'u'lláh. Il n'appelle pas à faire une soupe, bouillie affadie de toutes les théories religieuses existantes. Il affirme plutôt que dans toutes les révélations on trouve des raisons de croire à la sienne. Où est le syncrétisme là-dedans ? A l'origine de cette accusation ne pourrait-on pas trouver cette affirmation de Bahá'u'lláh : ce qui sépare les religions n'est pas le message fondateur, mais bien les constructions successives rajoutées au cours de l'histoire par des théologiens, honnêtes et sincères pour la plupart, mais souvent imbus de leurs connaissances et n'hésitant pas, à se déchirer entre eux pour des concepts qu'on ne trouve souvent même pas sous forme de traces dans les textes fondateurs.

61) TEMPLES

Nommé par Bahá'u'lláh : "lieu des invocations matinales " (Mashriqu'l-Adhkar. Se prononce : machrécol-azkâr), la maison d'adoration baha'ie sera n'importe quel bâtiment consacré à cet usage. Ce peut être aussi une simple pièce ou le coeur du croyant sincère.

Avant tout, on parle de Mashriqu'l-Adhkar pour un bâtiment à neuf côtés et un dôme, consacré à la lecture des Ecritures sacrées et à la prière. On ne fait qu'y lire et y chanter a capella des textes tirés de toutes les Ecritures. Ce sera le centre de la vie communautaire. Le " souvenir de Dieu " qu'on retrouve dans le nom des Maisons de Prière baha'ies rappelle la pratique soufie qui utilise la répétition du nom de Dieu pour se détacher du monde.

Ce bâtiment doit être entouré d'un hôpital, d'un hôtel pour voyageur, d'un dispensaire de médicaments, d'un orphelinat et d'une université d'études supérieures.

Aujourd'hui, il existe six "Temples" Bahá'ís dans le monde : à Wilmette-Chicago, à Kampala, à Francfort, à Panama, aux Samoa occidentales et à la Nouvelle-Delhi. Certaines annexes existent déjà, comme la maison de retraite de Wilmette.

Par ailleurs un croyant peut prier où il le désire, comme l'indique le texte : "Béni est le lieu, la maison et l'endroit, la ville et le coeur, la montagne et le refuge, la caverne et la vallée, le pays et la mer, l'île et la prairie où est faite la mention de Dieu et où sa louange est exaltée." (Bahá'u'lláh).

62) UNITE

L'affirmation de l'unité de l'humanité est une notion facilement acceptable aujourd'hui, soutenue qu'elle est par la connaissance scientifique et par le souvenir des désastres provoqués par un nationalisme étroit. C'était loin d'être le cas lorsque Bahá'u'lláh affirmait hautement : "La terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens".

Mais c'est sur la base de la diversité des coutumes et des conceptions des nombreuses communautés humaines que doit s'établir ce concept primordial de l'enseignement baha'i. L'unité baha'ie est plus une union d'esprit fondamentale, une manière d'être à l'autre, qu'un concept globalisant." Soyez unis dans vos délibérations, soyez unis dans vos pensées... et, jeune ou vieux, humble ou grand, intéressez-vous à ce qui profite à l'humanité. Ne semez pas les graines de la dissension parmi les hommes et ne plantez pas les épines du doute dans les coeurs purs et radieux." (Bahá'u'lláh)

63) VERITE

La Vérité comme Absolu est, par essence, étrangère au monde humain. Nous ne pouvons en avoir que des reflets, des éclairs, des traces. Il s'ensuit que les querelles, les luttes et les divisions provoquées par des compréhensions différentes d'un même objet sont une aberration." mieux vaut avoir tort ensemble que raison tout seul".

Cette attitude face à la vérité tant scientifique que spirituelle, n'empêche en rien cette recherche de la vérité par chaque individu que Bahá'u'lláh considère comme un des devoirs fondamentaux de l'homme. Cette recherche est avant tout une attitude face au monde, plutôt qu'une recherche de concepts qui ne peuvent être que limités, partiels et temporaires.

64) VIE

Une vie sans but est une vie dénuée de sens.. Mais l'absence totale de sens est-elle possible ? Peut-on vivre sans but ? Les êtres humains sont-ils porteurs, consciemment ou non, d'une forme de but et ce, quelle que soit leur croyance en l'existence d'un but supérieur ou divin ? Est-il possible de savoir avec certitude si la vie a ou non un sens ? un but ?

Bahá'u'lláh place la spiritualité au centre de la réalité humaine. Cette affirmation sous-jacente situe la question du but dans le cadre de la capacité humaine à développer son potentiel spirituel inhérent. Pour prendre un exemple trivial, la relation entre notre potentiel spirituel et le but de notre vie ressemble à la relation entre le moteur d'une voiture et le but de cette voiture. La voiture peut être utilisée comme entrepôt, mais ce n'est pas la bonne manière de l'utiliser. La fonction étant la clé du but, nos capacités spirituelles indiquent clairement que nous avons un but dans la vie en rapport avec la spiritualité.

"O fils de l'homme ! Caché en mon être éternel et dans l'antique éternité de mon Essence, Je savais mon amour pour toi, aussi t'ai-Je créé. J'ai gravé en toi mon image et Je t'ai révélé ma beauté." (Bahá'u'lláh)

"L'homme fait à l'image de Dieu " est le concept qui a défini pendant des siècles la réalité essentielle de l'être humain, doté de qualités potentielles attribuables à Dieu : rationalité, connaissance, justice, créativité, etc. Ainsi, d'un point de vue religieux, le but de la vie s'est toujours exprimé en termes de capacités spirituelles. C'est ce but qui donne un sens à la vie. Ecrit simplement, l'objet de notre existence est de devenir comme Dieu, autant qu'il est possible dans la limite des rapports du créé au Créateur, c'est-à-dire vraiment humain.

Le but de la vie est de connaître Dieu : c'est-à-dire de reconnaître Ses manifestations ; d'adorer Dieu en servant ses créatures et de contribuer au progrès d'une civilisation en évolution constante.

" Tous les hommes ont été créés pour travailler à l'établissement et à l'amélioration croissante de la civilisation."

"Ô mon Dieu, je suis témoin que tu m'as créé pour te connaître et pour t'adorer." (Bahá'u'lláh).

65) VIOLENCE

La Bible est un livre plein de fureur et de violence et on peut y découvrir d'amples justifications d'une violence sacrée qu'on trouve souvent injuste. Le Nouveau Testament aussi a pu offrir une justification à la violence et tant les croisades que les bûchers furent approuvés par les autorités religieuses sur la base d'une compréhension particulière d'Ecrits révélés. La notion de guerre sainte est importante dans le Coran, on le répète assez, et s'il est vrai que la grande guerre sainte est certainement la guerre contre soi-même, l'histoire du monde musulman eut sa part de périodes violentes au nom du sacré. Le bouddhisme fut répandu par l'empereur Asoka d'une manière qui nous paraîtrait aujourd'hui étonnement violente et l'hindouisme a montré ses capacités dans la destruction récente d'une mosquée réputée construite sur le lieu d'un site sacré.

Bahá'u'lláh a clairement, strictement et définitivement supprimé cette manière d'agir. Aucune justification ne peut se baser sur les Textes Bahá'ís pour user de violence contre un peuple ou un individu pour une raison religieuse. Dans un texte intitulé à bon escient " Les Bonnes Nouvelles ", Bahá'u'lláh révèle l'annulation de la guerre sainte, de la destruction des livres et de la violence. Tout son message est imprégné de l'importance de l'unité et de l'amitié entre les hommes. Au point qu'il vaut mieux pas de religion qu'une religion qui crée la division les luttes.

"Dis : crains Dieu ô peuple et défends-toi de jamais répandre le sang d'aucun de tes semblables."

(Bahá'u'lláh dans Extraits des Ecrits, CXXVIII p 182)

"Sache que nous avons entièrement annulé la loi de l'épée comme moyen de venir en aide à notre cause et que nous lui avons substitué le pouvoir né de la parole des hommes."

(Bahá'u'lláh dans Extraits des Ecrits, CXXXIX, p. 201)

On ne peut pour autant qualifier le mouvement Bahá'í de strictement pacifiste. Si Bahá'u'lláh recommande aux dirigeants politiques de réduire leurs armements, il recommande la création d'une armée internationale destinée à empêcher une nation d'en attaquer une autre.


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